LA BRÈVE HISTOIRE de ma VIE

jeudi 19 décembre 2013

N°82- LA BRÈVE HISTOIRE DE MA VIE.
St.Hawking - Flammarion - 06/11/13 - 175 pages - Tout lecteur.

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RÉSUMÉ : Leçon de vie d’une grande puissance émotionnelle que sauront apprécier tout ceux qui mesurent la portée de l’œuvre scientifique du grand théoricien de l’astrophysique, quelle soit relativiste ou (et) quantique. Témoignage d’un personnage exceptionnel qui se confie au lecteur soucieux de faire un bout de chemin avec lui.

MOTS CLÉ : itinéraire, message, humour, pudeur, passion.

L’AUTEUR : Stephen HAWKING (8/01/42) est professeur à l’université de Cambridge où il occupe la chaire lucanienne jadis détenue par Newton et Dirac. Membre de la Royal Society of Art et …de l’Académie Pontificale des Sciences, il est aussi lauréat de la médaille Franklin (81).

Venu au monde le 8/O1/1942, (3 siècles jour pour jour après le décès de Galilée), Hawking nous offre l’occasion d’en savoir plus sur son itinéraire si personnel où son œuvre scientifique se doit de cohabiter avec la maladie neurodégénérative qui meurtrit son corps depuis 50 ans (sclérose latérale amyotrophique/SLA/maladie de Charcot).

Le succès planétaire d’ une brève histoire du temps (1989) avait déjà été accompagné de Qui êtes-vous, mister Hawking ? (94). Les trous noirs et bébés univers (94), la nature de l’espace et du temps (97) et l’univers dans une coquille de noix (11), nous ont familiarisé avec cette physique relativiste et quantique conduisant au théorème des singularités (avec Penrose) et au rayonnement thermique des trous noirs (avec Bekenstein). Avec cet ouvrage c’est le côté intimiste du grand homme qu’il nous est donné de connaître et d’apprécier. Certains seront rassurés de savoir qu’il n’a appris à lire qu’à l’âge tardif de 8 ans et que, rêvant d’un train électrique, découvrir qu’en réalité il ne roula jamais vraiment bien ! Besoin de savoir comment les systèmes fonctionnaient et de quelle façon les contrôler. Vacances en roulotte, court séjour à Majorque à charge de découvrir la beauté de la langue anglaise par la Bible, puis de pénétrer (1950) le système éducatif très hiérarchisé et cloisonné où il ne se senti jamais défavorisé par son manque de vernis social. La physique lui apparaît comme ennuyeuse du fait de sa facilité et de son évidence, mais elle offre l’espoir de comprendre d’où nous venons et pourquoi nous sommes là…

A 17 ans il intègre Oxford où l’attitude dominante à cette époque était très hostile au travail. Éviter de travailler ! A 20 ans (1962) il arrive à Cambridge comme doctorant et d’avoir sollicité de travailler avec Fred Hoyle, il fut confié à Dennis Sciama. Son désaccord avec lui sur le principe de Mach le contraint à élaborer sa propre vision sur l’inertie. La théorie bien établie de la gravitation (relativité générale), mais quelque peu délaissée pour la théorie quantique des champ en quête d’unitarité, reprenait son second souffle suite au congrès de Varsovie (62). L’astrophysique et la cosmologie y faisaient leur nid centrées sur l’idée d’un univers stationnaire et dont Hawkins calcula au grand dam de Hoyle (64), que l’influence de toute matière rendait ses masses infinies.

L’idée que j’étais atteint d’une maladie incurable qui risquait de me tuer dans quelques années fut un choc. Mais je compris qu’il y avait bien des choses intéressantes à faire avant de mourir. Finir sa thèse, obtenir une bourse de recherche, un poste de Fellows, se marier (65/Jane Wilde) et avoir des enfants (Robert : 67/Lucy : 70/Tim : 79) Et d’enchaîner sur la détection des ondes gravitationnelles (Weber/69), et la singularité initiale associée à un théorème établie avec Penrose. Imaginez ce que nous ressentions face à un domaine entier qui s’ouvrait pratiquement pour nous seuls : c’était extraordinaire ! Enfin les trous noirs (70) et les concepts de singularité nue, de censure cosmique, d’aire de l’horizon. Période exaltante qui culmine avec l’école d’été des Houches (72) lors de laquelle nous pûmes résoudre la plupart des problèmes majeurs (théorème dit de calvitie/D.Robinson). Le trou noir avait une entropie et 2 paramètres (masse/rotation) suffisent à le définir. L’occasion de publier la structure à grande échelle de l’espace-temps (73). Une relativité générale défaillante proche des singularités, voilà l’occasion de causer diffusion de champs quantiques et identifier l’aire de l’horizon à l’entropie du trou noir et d’y regrouper 3 des 4 constantes fondamentales (G, c, h). L’information, associée à la constante k (Boltzmann), n’est pas perdue, sans pour autant être restituée de façon exploitable.

Élu à la Royal Society (74), promu professeur (77) puis professeur lucasien de mathématiques (79), invité par K.Thorne au Caltech, il y rencontra R.Feynman et M.Gell-Mann. Avec son doctorant (D.Page) il travailla sur la mise en évidence du rayonnement des trous noirs. Et puis, reçu au Vatican pour y recevoir la médaille Pie XI…

Sont ensuite abordés les problèmes familiaux sur fond de maladie. Une pneumonie contractée lors d’un voyage au CERN (85) imposa de procéder à une trachéotomie (plus tard, une laryngectomie) le privant de la faculté de parler et d’être tributaire d’un synthétiseur vocal et d’une infirmière à plein temps qu’il épouse en 95 (Elaine Mason) après s’être séparé de Jane.

Le dernier volet de l’ouvrage revient sur l’histoire d’une brève histoire du temps (82/89) et les problèmes financiers associés. Sont mis en avant les concepts de somme des histoires des possibles, de temps imaginaire et de condition aux limites sans bord pour que l’univers ait été crée spontanément à partir de rien (vide). Les lois de la physique autorisent-elles de voyager dans le temps accompagnant les historiques de particules fermées ? De rêver enfin à une théorie complète et unifiée donnant accès à la pensée de dieu…Question étonnante mais qui aurait permis de doubler la vente du livre !

L’ouvrage est en fait un message de confiance, une leçon de vie, un point de vue où il s’agit de se concentrer sur les choses que le handicap n’empêche pas de faire, sans regretter ce dont elles sont incapables . A l’image du Sisyphe de Camus poussant son caillou au haut de sa montagne, il faut donc imaginer Hawking heureux.

Jacques CAZENOVE - 04/12/13

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