MÉTÉORITES

jeudi 19 décembre 2013

N°79- MÉTÉORITES. A la recherche de nos origines.
M. GOUNELLE - Flammarion - 06/11/13 - 214 pages - Tout lecteur.

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RÉSUMÉ : A l’aune des dernières découvertes cosmochimiques et astrophysiques, cet ouvrage nous incite à apprécier les richesses insoupçonnées de ces pierres venues d’un ailleurs, témoins de temps primordiaux du système solaire. D’où viennent-elles ? Quel rôle ont-elles joué sur l’apparition de la vie ? Comment prévenir les menaces ?

MOTS CLÉ : collision, risque, impact, diversité, hasard.

L’AUTEUR : Mattieu GOUNELLE est professeur au Muséum national d’histoire naturelle (Cosmochimie/formation des planètes et des étoiles) chargé de la conservation de météorites. Il est membre de l’Institut Universitaire de France.

Au-delà des craintes qu’elles suscitent et de la fascination qu’elles exercent, les météorites sont aussi objets de science. Beaucoup plus âgées que les plus vieilles roches terrestres soumises à l’activité géologique de Terre, nombre important d’entre-elles ont souvent préservé la mémoire de leur origine dans l’histoire de la formation du système solaire. Elles sont aussi porte ouverte sur la délicate question de la source de vie sur la planète, les ingrédients essentiels étant supposés être l’eau et la matière carbonée dont ils pourraient être les messagers. Étudier les météorites c’est donc bricoler sur le temps et l’espace où les premiers édifices physico-chimiques conduisent aux planétoïdes et aux molécules, dérivés de l’explosion d’étoiles dans la galaxie.

Dossier en 3 chapitres, Menace extraterrestre/Fabrique des météorites/Histoire de nos origines, suivis d’une conclusion, de 3 annexes relatives à la quête des météorites.

Du météore d’Orgueil (05/1864), à celui de Tcheliabinsk (15/02/2013), de la Toungouska (30/06/1908), ou encore l’impact de 2008TC3 au nord du Soudan suivi en direct par Météosat, il est évident qu’une surveillance de ces petits cailloux s’avère nécessaire (Chap1). Bien d’autres exemples sont décrits dans l’ouvrage ; celui de Chicxulub (diamètre du cratère : 180km/diamètre du bolide : 10km) est responsable, à la fois de la disparition des dinosaures mais aussi de l’émergence d’autres espèces dont la nôtre. Le flux de micrométéroïdes (estimé à partir des glaces antarctiques) sur Terre est de 20.000t/an, et le nombre de météorides centimétriques (1kg) est de l’ordre de 35.000/an. Les risques et décès occasionnés donnent lieu à des estimations fonction de la taille de l’impacteur dont les histogrammes témoignent, s’appuyant sur des moyennes. La nécessité d’une surveillance planétaire (Space Guard, MPC, NEODyS) s’impose au niveau des géocroiseurs avec pour horizon ceux de taille supérieure à 140m (seuil de catastrophe régionale). On se souvient de 2012DA14 qui frôla Terre (28.000km) le 15/02/2013. L’échelle de Turin (0 à 10) permettant d’évaluer le risque, avait placé Apophis (2004VD17) sur le niveau 1 (improbable mais proche) avant de le rétrograder à 0. Comment se protéger ? Quels moyens investir ? La taille de l’impacteur, le point de chute et surtout le temps de préparation conditionnent une éventuelle riposte (sécurité civile, déviation, destruction, impact).

D’où viennent les météorites ? (Chap2) La découverte d’exoplanètes (un millier à ce jour) éclaire sur la grande diversité des systèmes planétaires autour de leur étoile. La formation des planètes et de leurs satellites (67 pour Jupiter) laisse quelque place pour les astéroïdes et le comètes regroupées entre Mars et Jupiter (2 à 3,3UA), dans la ceinture de Kuiper (30 à 55UA), enfin dans le nuage de Oort (sphérique) aux confins du système solaire et donc très sensible aux influences des étoiles proches. Chacun appréciera l’analyse des différents types de météorites (38 groupes !) autour des chondrites (chondres=billes de silice) et des différenciés métalliques. Tout commence par des collisions, arrachés au corps cible on justifie ainsi l’existence de familles d’astéroïdes fragments d’astéroïdes plus gros (météroïdes). Des phénomènes de résonance avec Jupiter peuvent les conduire à dériver (mécanisme de transport), à venir nous rendre visite nous causant de leur histoire. Certains pouvant être des éjectas de la Lune (ALH81005), de Mars (EET79001) ou même de Vesta (HED). L’importance des missions spatiales (Apollo, Stardust, Itokawa, Hayabusa) permettra de mieux préciser les liens entre météorites et astéroïdes.

L’histoire du système solaire débute sur la compréhension de la formation des étoiles (Chap3) dans l’environnement galactique constitué de poussières (1%/grains présolaires), d’atomes et de molécules. Un disque de gaz circumstellaire se forme autour de la protoétoile (1% de la masse de l’étoile) d’où vont émerger les planètes par condensation (inclusion réfractaires/chondres). Chacun appréciera les détails de formations des planétésimaux et embryons planétaires où les concepts de ligne de neige, de migration, de nettoyage (grand virement de bord) pourrait être de mise pour tous les systèmes planétaires. La présence d’eau sur Terre, l’origine de la Lune et son rôle stabilisateur sur l’axe de rotation de Terre, conduisent à l’émergence de la vie (panspermie). Les concepts d’autonomie, d’auto-réplication, d’évolution, de contrainte environnementale et d’information, tentent de rendre compte de la complexité des phénomènes en jeu. Le hasard qui réclame le tout, donne ses ailes à ce bricolage si bien décrit par F.Jacob dans le jeu des possibles (1981) ; la matière extraterrestre et le temps des longues échelles y tiennent leur rôle. La recherche d’exoplanètes, centrée sur le concept (minimal) de zone habitable réserve d’autres surprises tant la diversité observée témoigne souvent de notre manque d’imagination.

Sur le thème de la planétodiversité l’auteur nous invite à nous penser comme une banale singularité résultant d’une hasardeuse nécessité, avec l’immensité des possibles grands ouverts sur l’à venir comme ils le furent dans le passé.

Invitation lancée dans les annexes de cet intéressant dossier, à reconnaître et à chercher ces drôles de visiteurs originaux et dont seulement 20% tombent sur le sol.

Jacques CAZENOVE - 08/12/13

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