Climat, une planète & des hommes

mercredi 30 mai 2012

N°22- CLIMAT, une PLANÈTE & des HOMMES. Quelle influence humaine sur le changement climatique ?
Collectif - Ed. Cherche Midi - 01/11 - 335 pages - Tout public.

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RÉSUMÉ : Panorama sur l’évolution du climat de ses origines à nos jours pour éclairer sur les causes qui font qu’aujourd’hui il devient une préoccupation sociale majeure. Et surtout de notre responsabilité de géonaute soucieux du maintient de l’écosystème terrestre. Préface d’E.Orsenna et M.Petit ; intervention de M.Rocard et A.Juppé…

MOTS CLÉ : météorologie, climat, modélisation, prévisions,

LES AUTEURS : Sous la direction de Michel Petit (GIEC) et Aline Chabreuil, et la participation du Club des Argonautes*. P.Bacher/ E.Bar/ F.Brlier*/ P.Bauer*/ Y.Coppens/ Y.Dandonneau*/ J.P.Dupuy/ Y.Fouquart*/ J.C.Gall/ A.Gioda/ S.Hallegatte/ S.Joussaume/ R.Kandel/ J.Labrousse*/ M.Lefèbvre*/ E.Le Roy Ladurie/ H.Le Treut/ V.Masson-Delmotte/ S.Mathy/ J.Merle*/ M.Petit*/ S.Planton/ B.Pouyaud*/ G.Ramstein/ B.Seguin/ B.Voituriez*. Préface : E.Orsenna/ M.Petit*. dédicataires : G.Mégie (CNRS) & Ch.Le Provost (Océanographe)

Il s’agit bien d’évoquer la planète Terre dont une de ses espèces émergente est en mesure de la piloter, tels ces géonautes responsables d’un avenir qui n’est que du présent à mettre en ordre. Garantir l’habitabilité de ce berceau en sachant qu’il n’est qu’un emprunt à nos descendants n’étant pas prêts à coloniser ces exoplanètes dont la diversité est loin d’offrir une quelconque solution. Notre spécificité à projeter dans l’avenir, nous apprend « comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (Effondrement/J.Diamond). La politique étant l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regardent, alors plus que prévoir il s’agit de permettre.

Alors pourquoi tant de passion, tant d’incrédulité (chap5) face à ces 2 évidences : l’accélération du réchauffement climatique d’origine anthropique, et la confusion des valeurs libérales, génératrice d’inégalités nécessaires. Et ce principe de précaution pour lequel l’obstacle toute prévention, tient plus à l’incertitude scientifique qu’à la croyance que le pire ne peut arriver, par l’idée que l’on se fait de l’existence de solutions ,saturés d’informations diverses.! Les poètes nous ont averti : le monde mental, ment, monumentalement, les exemples pointent d’en haut ! Réduire les incertitudes réclame plus de systèmes d’observation, plus de mesures pour affiner les modèles à paramétrer. Cette géoscopie impose une coopération, une compréhension internationale en marge d’idéologies et d’intérêts particuliers (aïe). Le changement climatique est une réalité, et notre naturel nous conditionne à ne pas croire pour prendre en charge cette réalité.

Déléguons aux lecteurs les polémiques tendant à relativiser les faits bien réels, pour s’attacher au contenu des 5 chapitres. Car la commune mesure de la vérité des scieurs de planches et la vérité des forgeurs de clous, c’est le navire.

L’archéologie du climat (Chap1) permet d’affirmer que l’émergence et l’évolution d’homo furent modelées par le climat. De quoi se persuader qu’il peut aussi tracer le point d’orgue de la grande fugue ! La maîtrise du feu pouvant tout aussi bien conduire à une stratégie d’adaptation, qu’à une possible extinction, sinon goulet d’étranglement comme se fut déjà le cas il y a 60.000 ans. Terre se trouve régulée par le triptyque climat/carbone/tectonique entre période glaciaire et interglaciaire où interviennent ses paramètres orbitaux (excentricité, obliquité, précession). Par la brutale croissance du CO₂, sans précédent depuis 800.000 ans, le climat devient préoccupation scientifique. Ses interfaces complexes entre atmosphère, océans, continents avec leurs constantes de temps et rétroactions, ont été pris en charge par divers organismes nationaux et internationaux regroupant physiciens, chimistes, océanographes, glaciologues, paléoclimatologues mettant à profit les nouvelles technologies (satellites, ordinateurs..) pour améliorer connaissances et prévisions sur la dynamique du climat.

La complexité du système climatique de la planète (Chap2) est sous couvert de l’énergie solaire dont le gradient en surface impose des transferts de l’équateur vers les pôles. Si la météo concerne l’échelle journalière, le climat à plus longue échelle modélise au mieux l’ensemble des échanges d’énergie du système atmosphère/océan/biosphère. Quel est le rôle du soleil ? La planétologie comparée et les exoplanètes peuvent-elles nous apporter des informations sur la fragilité de notre écosystème ? Le rôle joué par la Lune sur la stabilité de l’axe de rotation et sur la circulation océanique profonde, les cycles du carbone et de l’eau, font l’objet d’une attention pédagogique digne de figurer dans nos programmes scolaires dès le primaire…

Quels sont les éléments quantifiables permettant d’affirmer que les activités humaines modifient le climat de Terre (chap3) ? Il s’agit de la modification de la composition de l’atmosphère et des gaz à effet de serre (GES) et de l’évolution de la température moyenne mondiale. Le forçage solaire & cosmique minimisé, il s’agit de savoir si la complexité du système (chaos) permet son autorégulation. Quel est le rôle des rétroactions (albédo, vapeur d’eau), leur poids dans les équations modélisant la dynamique des fluides air-eau, leur évolution dans le temps et l’espace, aux nœuds d’un maillage horizontal de 500 à 100km et de 20 à 4km vertical. Aux échelles plus petites sont nécessaires les statistiques entachées d’incertitudes. Des organismes tel de GIEC* (1988) sous l’égide de l’OMM* et de l’ICSU*, évaluent la capacité des divers modèles à reproduire un climat moyen, à simuler des variations inter-annuelles, à répondre à une perturbation énergétique, à prendre en compte des mécanismes clé (nuages).

Que valent nos prévisions (Chap4) ? Seuls les modèles peuvent estimer l’évolution climatique. Les GES (CO₂) sont le paramètre dont l’évolution est la plus inquiétante. Divers scénarios explorent l’ensemble des possibles, hors mesures volontaristes. Ils témoignent pour que soient prises des décisions planétaires (Rio, Kyoto, Copenhague). Chacun mesure le poids de la composante économie/politique pointant le court terme. Le long terme réclame courage et clairvoyance, pour la prise de décisions responsables. Les événements naissent de père inconnu. La nécessité n’est que leur mère.

Fatigué des mots qui se tirent la langue, l’ouvrage par son orchestration polyphonique, se veut créer cette pente qui fait la qualité du voyage. Il égratigne notre responsabilité citoyenne, ou plutôt fraternelle (la citoyenneté est un produit de grande consommation, devenu à force inodore…mais de bon ton et peu compromettant. La fraternité est d’essence plus rare, qui se consomme sur ordonnance, diluée et en prises espacées.), sans chuter dans l’exploitation de nos peurs. Son message profondément humaniste et pédagogique tient la main de tous ceux prêts à devenir, pour ne jamais oublier de faire. Quand la vérité est trop faible pour se défendre, elle doit passer à l’offensive ! CDI et médiathèques, parlez-en donc à ces curieux qui avancent à pieds pour que leur élan ne s’arrête pas aux mensonges. Si toute politique tend à considérer les hommes comme des choses, sur leur indifférence sans laquelle il n’y a pas de politique, alors il est bon que certains dérangent le troupeau où nous finissons toujours par avoir le visage de nos vérités.

GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat.
OMM : Organisation Météorologique Mondiale.
ICSU : Conseil International pour la Science.

Intervenants discrets : St Exupéry/J.Prévert/B.Brecht/R.Debray/P.Valéry/A.Camus

Jacques CAZENOVE - 30/01/11

AUTRES OUVRAGES SUR LE CLIMAT :

  1. Climat & Société.
    Climats Passés, passage de l’homme, climat futur, repères essentiels
    Focus/CRDP Grenoble/Collection scientifique.
  2. L’avenir climatique. Quel temps ferons-nous (J.M.Jancovici/Seuil Points Sciences/163)
  3. C’est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde
    (J.M.Jancovici/A.Grandjean/Seuil Point Sciences/193).
  4. Changement Climatique. Rapport de l’Académie des Sciences (26/10/10)
  5. Le défis climatique. (Dossier de la Recherche 05/08)