Astronomie populaire (Tome 1&2)

mercredi 30 mai 2012

N°19/20- ASTRONOMIE POPULAIRE (Tome 1 & 2)
Camille Flammarion - Champs classiques/Poche - 03/09 - 540 et 670 pages- Tout lecteur.

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RÉSUMÉ : Réédition en format poche (2 volumes) de ce monument qu’est l’Astronomie Populaire de Camille Flammarion et qui fera le bonheur de tous ceux qui n’ont pas la chance de posséder les versions originales (1879) ou le fac-similé (07/2002). Elle reste dédiée à F.Arago et admirablement postfacée par J.Cl. Pecker.

MOTS CLÉ : Terre, Lune, Soleil, mondes planétaires, Comètes, Univers sidéral.

L’AUTEUR : Camille FLAMMARION (1842/1925), élève astronome à l’Observatoire Impérial de Paris (1858-BDL), puis membre de nombreuses sociétés savantes et d’associations pour la diffusion scientifique et …spirite. Frère d’Ernest, fondateur de la librairie et des éditions Flammarion.

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Aux génies immortels de Copernic, Galilée, Kepler, Newton ! Cet ouvrage de 839 pages (Ed.originale de 1879) est dédié à F.Arago (mort en 53) à qui il rend hommage pour avoir édité lui aussi une Astronomie Populaire (5 volumes/J.A.Barral -1854 à 57). André Danjon pris le relais en 1956, mais les progrès imposèrent le partage des responsabilités à toute une équipe. Les compétences d’alors sont aromatisées au lyrisme, à la poétique de cet astronome dont les amateurs se réclament, pour avoir construit à Juvisy-sur-Orge son propre observatoire (83) et embauché E.Antoniadi avec qui il observe Mars et ses canali. Renvoyé du BDL (Bureau des Longitudes) par Urbain Le Verrier, d’avoir publié La pluralité des mondes habités (62), il est le fondateur de la Société Astronomique de France (SAF-87), toujours en état de publier sa revue mensuelle l’Astronomie (82).

Sur les rides prématurées de l’ouvrage du maître, Flammarion fit donc cette mise au point, tout en déplorant combien Terre tourne vite.

Ce quart de siècle (le sien) a réalisé à lui seul plus de progrès que le demi siècle précédent, que l’astronomie a été transformée dans toutes ses branches…

Que devrions-nous lui répondre aujourd’hui, à l’ombre de ces espace-temps relativistes courbés par la matière/énergie, de ces instants originaux baignés de champs quantiques, émergences de probables fluctuations d’un vide dont on peine à lever le voile ? J.Cl.Pecker évoque l’heureuse conjonction entre cet auteur enthousiaste qu’était Flammarion, bien assis sur son temps apprivoisé, et ses lecteurs glissant sur leurs lignes d’univers respectives accrochés à diverses tranches de leur histoire. Contemporain de J.Verne, Zola, Pasteur, Renan, il concrétise cette idée forte que la science, avec la rigueur qu’impose sa démarche, répond exactement à la curiosité de l’homme, à sa joie de penser, vitale à son épanouissement. L’école de Ferry (Jules) et la laïcité seront les étriers pour que les plus jeunes, jouant sur la plage, puissent enfin galoper sur ces grands chemins de "raisonance", qui conduisent aujourd’hui à concevoir ces dimensions enroulées, ces étranges multivers aux besoins anthropiques. Science & Technique sont sources de désenchantements et de craintes pour tout ceux qui ne savent pas ouvrir les sens sur tous ces trésors qui tissent notre quotidien. Notre vision de l’Univers a été bouleversée par ces découvreurs qui, pour être devenus trop nombreux, sont banalisés au profit d’anecdotes débilisantes réclamées par les politiques à court terme, hélas florissantes. La science d’aujourd’hui, comme celle d’hier parfume ces perspectives qui se déforment par le mouvement du promeneur. Le langage de l’Univers est fée de lumière à remonter l’espace-temps pour dire son histoire et activer imaginaire et réflexion. (N’est-ce pas la même chose ?). Diverses tonalités pour chanter qu’il faut s’amuser avec le savoir, que connaître c’est voir en silence, voir la lumière comme œuvre, non comme source.. Si l’intelligence du discours dépend surtout de celui qui écoute, si ce n’est pas ce qu’on dit qui est important, mais ce que les autres comprennent. Alors, où passent ces regards que chacun emportent ?
Si Flammarion fut avant tout un grand diffuseur des sciences, de l’astronomie, des phénomènes atmosphériques et climatiques en particulier, il trouva aussi dans le spiritisme (A.Kardec, V.Hugo) de quoi satisfaire ses penchants pour les mystères de la vie et de la mort, dont plusieurs ouvrages portent le témoignage. (Forces naturelles inconnues (07), La mort et son mystère, Les maisons hantées (23)…). Le nouveau siècle creuse ces mêmes peurs sur des ombres qui s’accusent, et préfère se rassurer de ces discours mensongers qu’il est si doux d’entendre. La science y reste pourtant attentive, dans la mesure où ses instruments de mesure peuvent échanger, assurant leur partage pour tous. Pas d’expérience qui ne se répète pour être prise en charge, sous peine de s’y noyer, comme disait R.Feynman, autre génial diffuseur. Les certitudes n’interdisent-elles pas les bonnes questions ?

Il est essentiel que de tels ouvrages soient réédités, même si leur contenu s’est déphasé sur nos connaissances actuelles, tout aussi "paulingment" oxydables. J.Cl.Pecker dans sa post-face fait une analyse minutieuse du contenu scientifique pour le confronter avec l’actualité. Le lecteur BUP saura y trouver matière à réflexion sur la dynamique de nos savoirs et des nos pédagogies. (De même qu’avec Hergé & Tintin). La science n’est-elle pas un cimetière de théories ? Ne faut-il pas s’en réjouir quand on mesure les ravages causés par le statisme finaliste des savoirs révélés où tout est dit, même le contraire. Ce qui revient à ne rien dire, et se retrouver face au silence des questions. Ce qui peut nous arriver de mieux pardi ! Y est joint aussi le texte de l’abjuration de G.Galilée humilié, le vrai sous la manche, lors de son papal procès perdu. (Ah, ces Urbain !). Ces bûches sont comme une forêt à genou.

Pour conclure dans l’enthousiasme de l’auteur penché sur son époque, relisons la première et la dernière phrase de ce grand livre pour en mieux préparer le chant (le champ ?) de l’heureuse étincelle, où sa clarté ne nous sert qu’à ne pas s’arrêter.

Ce livre est écrit pour tous ceux qui aiment à se rendre compte des choses qui les entourent et qui seraient heureux d’acquérir sans fatigue une notion élémentaire et exacte de l’univers. (p1).

C’est au lecteur de décider si ce programme a été rempli : l’auteur n’a aucune autre ambition que celle d’avoir été utile, en écartant un coin du voile qui cache encore à presque tous la vraie splendeur de la création. Nous sommes à une époque où les erreurs de l’ignorance, les fantômes de la nuit (..) doivent disparaître. (p836/Ed.fac-similé 1879).

Mission accomplie si ce n’est que tout reste en chantier.

Jacques CAZENOVE - 30/01/11

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