2012 Scénario pour une fin du monde

samedi 10 novembre 2012

N°69- 2012 SCÉNARIOS POUR UNE FIN DU MONDE - D.Jamet - F.Mottez
Belin - Pour la science - Regards - 11/09 - 240 pages - Tout lecteur

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RÉSUMÉ : Analyse rationnelle des prophéties relatives au prétendu calendrier Maya touchant à l’année 2012 et concernant l’avenir de la planète et de l’univers dans son ensemble.

MOTS CLÉ : calendriers, catastrophes, vie, cosmologie.

LES AUTEURS : Didier JAMET est journaliste scientifique coauteur de Le ciel, un jardin vu de la Terre et directeur de la publication du site Internet Ciel des Hommes - Fabrice MOTTEZ est chargé de recherches au CNRS au Laboratoire Univers et THéories (LUTH), à l’Observatoire de Paris-Meudon

« Comment feraient les gouvernements de la planète pour préparer 6 milliards d’individus à la fin du monde ? -Rien ! ». Et la théorie du complot de revenir au premier plan des inquiétudes via le vecteur Internet ou les films type 2012 (Roland Emmerich).

Dans la première partie de l’ouvrage (Chap.1) les auteurs proposent une analyse des divers cycles calendaires du calendrier Maya dont l’un conduit à un cycle d’origine solaire de 5125 ans. L’origine du calendrier correspondant à leur dernier soleil (11/08/-3114 ?), le 21/12/+2012 date de péremption, correspond à la fin du monde par tremblement de terre. D’autres civilisations cultivent aussi l’air angoissé du temps. Les Mésopotamiens évoquent le retour de Niburu, mystérieux corps céleste, tous les 3600 ans. Son orbite peu commune venant régulièrement semer une pagaille gravitationnelle autour du Soleil. Sinon, les jokers de la catastrophologie restent : le grand alignement planétaire avec le plan galactique (?), et l’inversion du champ magnétique terrestre. Pourtant, ni les Mayas, ni les Mésopotamiens n’ont su prédire la fin de leur propre empire... le faux et le merveilleux restant plus humains que le vrai !

L’essentiel de l’ouvrage est consacré aux réponses que la science peut apporter sur la prédictibilité de l’avenir, sur la fin de l’humanité (chap2), la fin de la vie (chap3), la fin de l’univers (chap4). Les études sur la diversité génétique de l’espèce humaine mettent en lumière une très faible différentiation, témoignage d’un goulot d’étranglement, il y a 60.000 ans, où l’espèce devait compter moins de 10.000 individus, vivant tous en Afrique équatoriale pour cause de glaciation. Les causes naturelles (non biologiques) sur laquelle la science peut apporter une réponse sont d’ordre astronomique ou géophysique. Elles sont analysées dans le détail quant à l’extinction possible des humains et de la vie sur Terre. Chute d’une météorite d’une dizaine de kilomètres, éruption de super volcans provoquant des extinctions de masse dont notre planète garde des cicatrices fossiles. Effet de serre, conséquence des grands cycles chimiques de la Terre, en particulier celui du carbone lié à la tectonique des plaques. Enfin, explosion d’une étoile proche sous forme de supernovæ émettrice de rayons destructeurs, de la couche d’ozone par exemple. Pouvons-nous réagir à de telles menaces d’autant que certains évoquent une sixième extinction depuis l’invention de l’agriculture ?

La fin de l’humanité n’est pas la fin de la vie. La stérilisation de la Terre (Chap3) impose une réflexion sur la définition de la vie (un seul exemple à ce jour), et sur son mode d’apparition sur Terre où les plus anciennes traces connues sont les cyanobactéries. La photosynthèse et l’eau semblent jouer un rôle essentiel dans cette aventure vers le complexe et le divers, où des conditions physico-chimiques particulières imposent une certaine stabilité de l’orbite terrestre et de son axe de rotation. La diversité observée sur les exoplanètes et les simulations numériques font état de systèmes chaotiques où des migrations de planètes ne sont pas à exclure. Notre Lune, résultat d’une collision d’une autre planète avec la Terre, assurerait cette stabilité requise pour l’émergence de la vie.

La fin de l’univers (chap4) repose sur nos connaissances en cosmologie, devenue science à part entière, tant dans le domaine théorique (relativité, quantique) qu’observationnel. Elle concerne sa composante énergie-matière, soit 5% du contenu global. Si l’entropie d’un système isolé ne peut qu’augmenter, celle de systèmes hors équilibre (gravitationnel ici), évoluant rapidement, peut diminuer. Ils tendent alors vers des configurations structurées (attracteurs), dont les galaxies sont les représentants à grande échelle, Essentiellement concentrée dans le fond diffus des photons primordiaux 10 plus nombreux que les particules de matière, l’entropie de l’Univers peut-être considérée comme constante. La matière, faiblement entropique, mais plus énergétique, se reconfigure en permanence. Dans cette localité hors équilibre, l’homme paré de ses chances évolue, à l’abri d’une mort thermique, en marge d’un univers isotherme, mort-né.

En conclusion, aucune causalité physique n’est attachée aux prophéties, de quelque type qu’elles soient. L’échéance dépassée devrait invalider de telles pratiques. La démarche scientifique exige des connaissances et la mise à l’épreuve de toutes les causes probables conduisant à des réponses sous réserve ; tous les paramètres n’ayant pas été toujours identifiés ou correctement pondérés. La science est l’aventure humaine par excellence. Elle nous ouvre à un monde indifférent et dont nous avons l’audace de croire qu’il est compréhensible. L’incertitude sur notre avenir, clairement détaillée dans l’ouvrage, se déploie aussi à grande échelle.

Mais qu’il est étrange de s’attacher à la partie périssable des choses, qui est exactement leur qualité d’être neuves.

Jacques Cazenove