L’image du monde de Newton à Einstein

samedi 28 avril 2012

N°33- L’IMAGE DU MONDE DE NEWTON à EINSTEIN - A.Simaan

Vuibert. ADAPT - 03/05 - 150 pages - Tout lecteur soucieux d’historicité.

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RÉSUMÉ : Suite logique de l’ouvrage paru en 98 «  L’image du monde des Babyloniens à Newton », l’historien des sciences argumente avec précision l’évolution des idées et des concepts dans l’aventure des sciences, propre à nourrir nos cours de physique.

MOTS CLÉ : évolution, perceptions, certitudes, dogmatisme,

L’AUTEUR : Arkam Simaan, professeur de physique en lycée, anime des stages d’histoire des sciences destinés aux enseignants.

L’aventure humaine de la science s’enracine dans l’histoire et les mentalités de l’époque, et les résistances à son avancement sont à rechercher tant dans les domaines politique et religieux que dans les certitudes et les passions des hommes qui la font. « L’aspiration à la vérité est, plus précieuse que l’assurance de sa possession ».

C’est donc en 1687 avec la parution des « Principia » de Newton que se poursuit cette aventure déjà bien engagé sur les rails de la raison par Kepler et Galilée avec ses « dialogues » de 1633. Les lois de la mécanique offrent une vision mathématique des phénomènes, même si elle ne fait pas l’unanimité au sein des penseurs de l’époque tels Descartes et Leibniz, ce dernier accusant Newton d’avoir imaginé un Dieu incompétent à préserver sa création ! Et lui de répondre : « Un roi qui n’intervient pas dans son royaume, n’est pas digne d’être roi ». Le cerveau de l’homme, même de nos jours, a bien du mal à éviter le débat avec le grand horloger sur la « miraculeuse compréhensibilité de cet univers » ! C’est d’abord sur la forme de la Terre que l’on s’affronte, sur la réalité de cette force à distance qui semble réveiller les vieux démons de l’irrationalité. Alors on part mesurer un bout de méridien au Pérou (Godin 1735) et en Laponie (Maupertuis 1736) et la théorie des tourbillons, comme plus tard celle de l’état stationnaire, n’intéresse que quelques « marginaux », garants à leur façon d’une dangereuse uniformité des systèmes de pensée et à un de nouveaux ravages du dogmatisme. Les relations avec le milieu ecclésiastique (jansénisme, jésuites) accompagnent toujours le récit de A.Simaan, même si un certain libéralisme se fait jour à partir de 1774 avec Benoît XIV (le pape des savants !), et une croissance observée de l’athéisme avec les philosophes encyclopédistes. « La pensée qu’il n’y a point de dieu n’a jamais effrayé personne » clame Diderot. Les premières cosmogonies mécanistes font leur entrée en scène, catastrophiques (Buffon) ou nébulaires (Kant). Elles conduisent non plus à la forme, mais à l’âge de la Terre, à partir d’étude sur les sédiments (Gauthier 1721) est loin d’être celle proposée par le révérend James Usher (24 octobre -4004 à 9h du matin). En marge du transformisme de Lamarck, c’est avec Darwin et « l’origine des espèces » (1859) que le concept d’évolution, associé à celui de sélection naturelle, fait sa grande entrée en science en apportant un nouveau souffle à l’ensemble des mentalités. Avec les grands télescopes (Herschel, Parsons), la découverte des raies spectrales (Wollaston, Fraunhofer, Kirchhoff) et leur décalage par effet Doppler, c’est tous les secteurs de l’astrophysique qui vont offrir son histoire à l’univers.

Les équations de la relativité einsteinienne vont en fournir leur langage mathématique avec de nombreuses prédictions expérimentales bien connues. Longue analyse imposée par le centenaire de l’année merveilleuse (1905) mais qui n’excuse pas d’avoir passé sous silence tout ce grand décors imaginé par la mécanique quantique, la physique des particules et les nouvelles théories construites sur les symétries. Ne sont-elles pas sensées, elles aussi nous offrir une nouvelle image du monde et d’ouvrir de nouveaux horizons de la connaissance ? L’auteur se défend bien sûr d’avoir du faire un choix. Mais quand même ! Evoquer Einstein et taire sa contribution au monde de l’infiniment petit ! L’ouvrage évoque dans sa conclusion, les controverses (Arp, Pecker) à la théorie standard du « Big Bang » et fait mention de topologie avec l’univers chiffonné de J.P.Luminet. Mais il ne semble pas avoir été dans l’intention de l’auteur d’offrir à ses lecteurs un survol, même rapide, des grandes idées actuellement sur la planche, comprises comme prolongement des intuitions d’Einstein. L’importante bibliographie ( privée malgré tout d’ouvrages récents tels celui de Brian Greene 2000 entre autre), accompagnée de quelques sites Internet intéressants, sera une invitation pour des curieux, déçus sur ce dernier point, de trouver un prolongement à cette recherche sur l’histoire des sciences apte à mieux faire passer notre pédagogie auprès des jeunes. En ce sens le travail de A.Simaan ne peut être qu’apprécié.

Jacques cazenove